Que célébrons-nous exactement ?

La disparition de Jean-Marie Le Pen, figure controversée de la politique française, suscite des vives joies chez certaines personnes. C’est l’heure de l’apéro! Un grand soupir, le soulagement, la victoire, le triomphe. Mais que célébrons-nous exactement ? La célébration de sa mort soulève une question universelle : peut-on se réjouir de la disparition d’un homme sans pour autant éteindre les idées qu’il a portées ?

J’ai grandi en croyant que la mort d’une personne, peu importe qui elle était ou ce qu’elle représentait, devait toujours s’accompagner d’une certaine retenue. Un respect pour le passage, un respect pour la famille, pour les enfants, qui ne partageraient peut être pas les mêmes idées que le défunt. Ce que nous oublions souvent dans cette catharsis collective, c’est qu’elle représente une contradiction flagrante, nous sommes censés se réjouir d’une disparition de la haine et la divison, tout en mentrant exactement le contraire. La disparition physique d’une personne n’efface pas son héritage. Les idées qu’elle portait, bonnes ou mauvaises, ne meurent pas avec elle.

La mort de dictateurs comme Franco, Mussolini ou Pinochet n’a pas suffi à éradiquer le fascisme ou les régimes autoritaires. Les idéologies qu’ils ont incarnées continuent de se propager, parfois sous d’autres formes, dans d’autres contextes.

L’éternité digitale

Plusieurs discours, livres, passages à la TV de Jean-Marie LePen sont archivés sur internet, ses idées viveront éternellement. Alors, que reste-t-il vraiment à célébrer ? Cette euphorie est éphémère si elle n’est pas suivie d’une réflexion profonde sur le combat des idées et les systèmes qu’elle laisse derrière elle. Elles nécessitent une confrontation intellectuelle, des actions concrètes, et parfois même des décennies de lutte pour être vraiment remises en question.

Célébrer une mort sans agir revient à balayer la poussière sans toucher au sol sale..

Une telle effervescence, est un symptôme d’une société qui se nourrit des propagandes, une société qui s’auto-nourrit et s’auto-congratule de sa stupidité. Et quoi après ? Car célébrer la mort d’un homme, c’est indigne. Mais affronter les idées qu’il a semées demande un courage bien plus grand. Une bravoure. Et c’est là, je crois, que réside le véritable changement.

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